Date : 03/01/2012
La polémique sur la toxicité des implants mammaires défectueux enfle encore. PIP dément la présence de composants industriels, les victimes réclament des analyses.
Sur les ondes de RTL, hier, de nouvelles révélations au sujet de la composition du gel des prothèses mammaires PIP ont encore accru la tension chez les victimes de l'entreprise varoise, au coeur d'un vaste scandale sanitaire depuis quelques jours. Les implants incriminés contiendraient un mélange de produits commandés à de grands groupes de chimie industrielle, notamment un additif pour carburants, le Baysilone, ainsi que le Silopren et le Rhodorsil, utilisés dans l'industrie du caoutchouc.
Des informations dénuées de sens, selon l'avocat de Jean-Claude Mas, fondateur de PIP, qui a rencontré hier des représentants de l'Afssaps et pourrait s'exprimer pour la première fois cette semaine. Et le conseil de décliner la composition d'un gel constitué « de produits alimentaires, utilisés dans la composition des produits de beauté, achetés auprès de Rhône-Poulenc et de ses concurrents ».
« D'après l'Afssaps, on savait qu'il s'agissait d'un gel impropre, utilisé dans l'alimentaire et l'informatique », indiquait de son côté le médecin-conseil d'une association de porteuses d'implants PIP, Dominique-Michel Courtois.
Face à ces révélations, l'un des avocats des plaignantes réclame « des analyses de prothèses directement prélevées sur les patientes ». Celles réalisées par l'Afssaps, sur des prothèses saisies lors d'une perquisition dans les locaux de PIP en mars 2010, ont mis en évidence un gel non conforme, au pouvoir irritant mais non génotoxique (sans altération de l'ADN des cellules), avec un risque élevé de rupture des enveloppes et de suintement du gel.
Des échanges de courriels et des rapports émis au sein de la société indiquent que le problème était connu depuis longtemps. « Encore une ! Nouvelle rupture d'enveloppe gel implantée en 2003 [...]. Toujours pas d'explications ? », peut-on lire dans un mail appelant une réponse claire d'une responsable marketing : « Le chiffre d'affaires est plus important que la constitution des enveloppes. »
La justice soupçonne les dirigeants varois, en proie à des difficultés financières, d'avoir fait des économies sur la fabrication. Denis Boucq, chirurgien niçois qui a utilisé ces prothèses sur 240 patientes, explique avoir cessé d'en poser en 2008 « parce que la société ne suivait pas les innovations techniques ».
Selon un ancien de PIP, en faillite depuis mars 2010, l'enveloppe des prothèses avait aussi été modifiée pour n'utiliser qu'un seul composant, au risque d'accroître le taux de déchirures. Reste à savoir comment l'entreprise a pu contourner les contrôles. « D'après ce que nous a avoué un employé, le gel pour lequel PIP avait reçu une autorisation était stocké dans des cuves pour les contrôles, tandis qu'un autre, moins cher, lui était substitué dans la fabrication », avait expliqué un avocat, en juin 2010.
Visé en France par deux enquêtes judiciaires pour « tromperie aggravée » et « homicide involontaire », Jean-Claude Mas, 72 ans, a été entendu à deux reprises par les enquêteurs, mais n'est pour l'heure pas mis en examen dans cette affaire et ne fait l'objet d'aucun contrôle judiciaire.
Source : Sud ouest - Un additif pour carburant dans les prothèses PIP ?