Date : 04/10/2012
Le docteur Courtois explique les hypothèses qui ralentissent les indemnisations.
Le docteur Dominique-Michel Courtois confirme : sur les quelque 500 dossiers que son association, l'Avim (Association d'aide aux victimes du Mediator et de l'Isoméride), a présentés à l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux, 80 % ont été rejetés.
Selon M. Courtois, les dossiers ont été rejetés parce que les experts « contestent le lien entre la prise du Mediator et la pathologie valvulaire ». Ce médicament des laboratoires Servier destiné aux diabétiques en surpoids a été largement détourné comme coupe-faim durant sa commercialisation, de 1976 à 2009. Il est soupçonné d'avoir provoqué la mort d'au moins 500 personnes en trente ans, voire 1 300 à 2 000 selon d'autres estimations.
Gouvernement affolé ?
« Quand nous avons mis en place avec Xavier Bertrand le fonds d'indemnisation des accidents médicaux, rappelle le docteur Courtois, les choses étaient claires. Il suffisait d'avoir pris du Mediator durant trois mois, de souffrir d'une pathologie valvulaire, et de toute façon le doute devait bénéficier à la victime. Or, constate le président de l'Avim, le collège des experts nous sort maintenant du chapeau de nouveaux critères. Il ne faut pas avoir eu une angine quand on était jeune. Il ne faut pas prendre de médicaments contre la migraine. Et il faut pouvoir prouver qu'au moment où on a commencé à prendre du Mediator on ne souffrait pas de problèmes cardiovasculaires. En plus il ne faut pas être vieux, car l'âge a un effet catalyseur. »
Et le docteur Courtois de s'interroger : « Nous avons écrit à Marisol Touraine. Nous n'avons pas reçu la plus petite réponse du moindre membre du cabinet. On peut se demander si le gouvernement ne s'affole pas devant les sommes qu'il devrait avancer, puisque Servier ne paiera pas tout de suite. » Autre hypothèse avancée : la présence dans le fonds du représentant de Servier, « qui s'oppose à tout ».
Et enfin l'étonnement que ce collège d'experts « s'appuie sur des études et des statistiques qui n'ont rien à voir avec celles d'Irène Frachon, la pneumologue qui a dénoncé la première les dangers du Mediator. Reste, assure-t-il, que "nous ne lâcherons pas" ».
Source : Sud ouest - Indemnisation Mediator : les experts manipulent-ils les critères ?
En savoir plus : Association d'Aide aux Victimes du Médiator et de l'Isoméride