Date : 29/09/2010

Implants mammaires PIP défectueux : une affaire "totalement hors normes"

L'affaire des implants mammaires PIP, qui a été révélée il y a tout juste six mois, s'est imposée comme un dossier hors normes de par l'ampleur de la fraude et ses conséquences sur des milliers de femmes.

Au lendemain même de nouvelles recommandations émises par l'Agence des produits de santé, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a annoncé mercredi une extension de la prise en charge des interventions visant à retirer les prothèses défectueuses.

"Ce dossier est totalement hors normes par rapport à ce qu'on a l'habitude de traiter", à savoir des "écarts involontaires de qualité", a souligné le directeur général de l'Afssaps, Jean Marimbert.

"C'est une affaire hors normes en raison du nombre de victimes et de l'extraordinaire fraude à grande échelle pérennisée pendant des années par PIP", a renchéri de son côté le Dr Dominique Courtois, expert auprès de l'Association de défense des Porteuses de prothèses PIP (PPP).

L'Afssaps avait soulevé le pot aux roses en suspendant, le 29 mars dernier, l'utilisation des prothèses mammaires à base de gel de silicone fabriquées par la société varoise Poly Implant Prothèse. Des inspecteurs dépêchés sur le site avaient repéré des fûts de matière première suspects et recueilli des confidences de salariés.

Il a depuis été établi que le silicone utilisé n'était pas destiné à un usage médical, mais industriel, d'où une "gélification partielle" favorisant les fuites à travers l'enveloppe de l'implant et pouvant la fragiliser jusqu'à la rupture.

Sur les 30.000 femmes implantées avec des prothèses PIP en France depuis 2001, difficile d'estimer combien risquent une rupture, du fait de l'hétérogénéité de la qualité d'une prothèse à l'autre.

Le Dr Courtois parle de "roulette russe".

Un examen et une échographie sont désormais recommandés tous les 6 mois : si une rupture de prothèse est détectée ou même suspectée, elle devra être enlevée, de même que la seconde.

L'Afssaps a en outre mis en évidence un pouvoir irritant du gel PIP, pouvant conduire à des réactions inflammatoires en cas de fuite à travers l'enveloppe de la prothèse.

A ce stade, elle ne recommande pas un retrait systématique, mais l'estime envisageable. Un document "d'aide à la décision" va ainsi être élaboré pour faciliter le dialogue au cas par cas entre la femme et son chirurgien.

Pour accompagner ces nouvelles recommandations, Mme Bachelot a annoncé la prise en charge "pour toutes ces femmes" des frais de retrait des prothèses.

Actuellement, le retrait préventif des implants n'est pas pris en charge, ni même le retrait de la seconde prothèse en cas de rupture dans l'un des seins.

Le dossier est d'autant plus délicat qu'il s'agit, pour 80% des femmes concernées, de chirurgie esthétique, habituellement non remboursée. Le Dr Courtois pose ainsi la question des dépassements qui pourront être facturés par les chirurgiens pour le retrait, en particulier dans les cliniques privées.

Mme Bachelot a distingué le cas des 20% de femmes qui relèvent de la chirurgie réparatrice à la suite d'un cancer du sein : pour elles, l'assurance maladie prendra aussi en charge la nouvelle prothèse.

L'affaire dépasse largement les frontières françaises, puisque 80 à 90% de la production de PIP ont été exportés. 15.000 à 20.000 femmes seraient par exemple concernées en Grande-Bretagne, 10.000 en Espagne.

Aujourd'hui la société PIP n'existe plus, mais a été rachetée.

De nouveaux développements sont encore attendus, au niveau judiciaire, mais aussi sur le plan sanitaire, des tests approfondis étant en cours pour pouvoir statuer sur la toxicité du gel PIP à long terme.


Source : femmes.fr.msn.com

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